Ce lundi 15
septembre, des milliers d’écoliers ont,
Fièrement, porté
leurs tabliers et leurs cartables pour aborder une nouvelle année scolaire. Au
même moment, d’autres enfants se trouvent forcés à porter des tenues de travail
après avoir, définitivement, quitté l’école et basculé dans le monde des
responsabilités.
Ces jeunes, qui entament une vie
d’adultes prématurée, n’ont pas vraiment le choix. Malgré leur présence de plus
en plus remarquable dans les souks ou dans les ateliers d’artisans, peu de gens s’en
indignent.
Devant le grand marché de l’Ariana, des
enfants sont là, à vendre des légumes ou à transporter des marchandises. Omar
et sa sœur vendent des pois chiche, de la Malsouka et des sacs en plastique
devant la grande porte du souk. Plus jeune que son frère, la gamine est handicapée.
«Elle ne marche plus,
depuis qu’elle est toute petite »,
explique son frère ainé.
Incapables de financer leurs études,
leurs parents les emmènent, chaque matin, au souk. Parfois, ils se déplacent
vers des marchés plus éloignés et plus grands. Omar, 15 ans, a arrêté l’école
depuis trois ans, au niveau de la 7ème année collège. Sa sœur qui n’a même pas
une chaise roulante a été contrainte à quitter les bancs de l’école en 5ème
année primaire.
Mal à l’aise, Omar avait les mots rares
pour décrire ce qu’il ressentait par rapport à sa situation.
Prochainement,
je vais bosser chez le mécanicien de mon quartier. Pour le moment, j’aide ma
sœur à venir vendre la Malsouka … Après trois ou quatre ans d’apprentissage, je
pourrais partir en Italie ou en France. Le travail ne me dérange pas
…C’est ma sœur qui me fatigue le plus. Elle grandit et je ne peux plus la
porter. Nous avons plusieurs difficultés à rentrer chez nous même si des gens,
ici, nous aident de temps en temps…», raconte Omar, tout en nous
invitant à acheter sa marchandise.
Les deux enfants ne disent rien sur
l’école. La petite, elle, reste silencieuse en souriant timidement. Finalement,
l’ainé se lâche: « Je n’aime pas l’école parce que
c’est ennuyeux … Puis, mon père dit qu’il n’y a pas de travail après l’école.
Des années et des années d’études et beaucoup d’argent dépensé pour qu’après
cela, je reste dans les cafés ...», justifie Omar avec le regard
malin d’un vendeur habile.
Le ministère de l’Education a publié, en
2013, un rapport qui dénombre plus de 107 mille enfants ayant abandonné
l’école. En voyant le phénomène grandir d’une année à une autre sans avoir une
idée claire sur ses véritables raisons, le Forum Tunisien des Droits
Économiques et Sociaux (FTDES) a réalisé une étude récente sur « l’abandon
scolaire volontaire: le phénomène et les causes ». Effectuée sur un échantillon de 601
enfants, l’enquête couvre trois régions, à savoir Monastir, Kasserine et
Kairouan, sur l’année scolaire 2013-2014. Les enfants les plus touchés par ce
phénomène sont âgés de 13 à 17 ans et issus de familles défavorisées (80%) avec des parents qui ont arrêté leur étude au niveau
primaire ou n’ont en pas fait du tout.
Partir à
l’étranger, aider sa famille financièrement ou simplement assurer son avenir,
sont des raisons suffisantes pour que des enfants quittent l’école.
e
journaliste Brahim Oueslati, spécialisé dans les problèmes de la jeunesse et de
l’emploi, nous a envoyé cette contribution sur la déperdition scolaire
Un chiffre
annoncé tout dernièrement par le ministère de l’Education a sonné comme un
échec de tout un système, près de cent mille (100.000) jeunes ont abandonné
l’école au cours de l’année scolaire 2010-2011, montrant par la même que notre
école va de plus en plus mal et qu’elle s’est enlisée dans une situation
difficile à cause de l’inconstance des options et la contradiction des
décisions successives. L’abandon ou le décrochage scolaire est le résultat
d’une série d’échecs que vit l’élève sur les plans familial, scolaire et
social. Il n’est pas un phénomène nouveau ni spécifique à un pays, il est plutôt
international, chaque pays a une approche et des politiques qui lui sont
propres.
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